OVO part du principe que chaque entreprise privée (comme chaque être humain d’ailleurs) est liée d’une façon ou d’une autre aux évolutions dans les pays pauvres et émergents. Chaque entreprise a un impact sur ce qu’il s’y passe et en subit également les effets. Cela s’applique à tous les entrepreneurs et pas uniquement à ceux qui investissent dans le Sud. Nous n’excluons pas non plus les multinationales. En revanche, plus l’entreprise est grande, plus son impact est important.
Le progrès, c’est quoi ?
Une analyse de l’interaction entre le secteur privé, les pouvoirs publics et la société dans les pays pauvres et émergents n’a que peu de sens si nous ne la confrontons pas à une idée de progrès durable. Cette idée doit servir de norme qui nous permet de déterminer ce qu’on entend par « avancée », « recul », « positif » ou « négatif ». Mais qu’entend-on réellement par « progrès » ? La réponse à cette question impose des choix, à la fois éthiques et idéologiques. Par conséquent, aucune réponse définitive ne pourra jamais être donnée. Le choix d’OVO est très pragmatique : nous nous basons sur les objectifs de développement durable des Nations Unies, aussi appelés ODD. Mais nous le faisons en nous concentrant sur le Sud. Le retard par rapport aux objectifs y est infiniment plus important qu’au Nord.
Est-ce que cela veut dire que les ODD constituent le critère parfait du progrès durable ? Pas du tout. Et cela s’explique par plusieurs raisons. La principale raison, qui est la seule pertinente pour OVO, est que bon nombre des ODD s’opposent. Voici quelques exemples : les objectifs économiques et écologiques vont difficilement de pair, la croissance peut porter préjudice à l’égalité (et inversement), le budget public dédié à la santé ne peut pas être consacré en même temps à l’enseignement et l’emploi peut avoir un effet néfaste sur la qualité de vie. La conclusion est sans appel : il est impossible de poursuivre tous ces objectifs en même temps et dans la même mesure. Étant donné que les moyens sont limités, il faut faire des choix.
L’entrepreneuriat : un impact à l’échelle mondiale
L’objectif ultime de cet exercice de réflexion : donner une dimension internationale à la responsabilité sociale des entreprises. Pour désigner cet objectif, nous utilisons l’acronyme RSEM : la responsabilité sociale des entreprises au niveau mondial. Nous voulons évoluer vers un secteur privé qui se sait responsable de la communauté internationale dans laquelle il opère. Vers des entrepreneurs qui considèrent l’investissement comme un engagement en faveur de toute la société. Et vers des pouvoirs publics qui soutiennent politiquement et concrètement cette manière d’entreprendre, dans une optique internationale. Nous voulons chasser l’idée selon laquelle la croissance du PIB est le fidèle reflet du développement humain. En nous distançant de l’« éconocratie », nous voulons évoluer vers une politique qui vise le développement humain durable dans ses multiples dimensions.
Cinq personnes étroitement impliquées dans OVO ont formé un groupe de réflexion, afin d’élaborer en collaboration avec de nombreux bénévoles un texte d’orientation soutenant de manière rationnelle la politique et la stratégie d’OVO. La première étape consistait à rédiger un texte sur chacun des six thèmes principaux auxquels OVO fait face dans son fonctionnement.